Les Fourmis / The Ants

Lorsque l’on pense à l’art, on ne pense pas en premier lieu à la cuisine, à la pâtisserie, à la boulangerie… Je suis aujourd’hui convaincue que ces professionnel.le.s ont pleinement le droit d’être considéré.e.s comme des artistes à part entière. 

Jusqu’à mes 17 ans, j’ai grandi dans l’hôtel-restaurant de ma grand-mère, puis de ma mère. Après plusieurs années à faire mes propres expériences, je suis revenue pour y travailler près de dix ans. Un microcosme que j’ai longtemps apparenté à un petit village, avec ses propres règles et ses habitants qui m’ont offerts une enfance plutôt atypique. C’était ma maison, une autre famille, un mode de vie. Le métier de mon père, boulanger-pâtissier, m’a ensuite permis d’élargir ma vision de ces milieux si particuliers, créatifs, rigoureux, au rythme décalé. Des métiers où les cinq sens parviennent à trouver un juste équilibre pour que de simples besoins primaires (se nourrir, boire, dormir) soient sublimés en de véritables expériences. 

C’est pourquoi j’ai souhaité transmettre à travers ce projet photographique évolutif le regard que j’avais enfant sur ces métiers. Des gestes répétitifs, souvent méticuleux, l’art de transformer des matières brutes en de véritables oeuvres éphémères, de la concentration malgré l’agitation environnante… Mais surtout ces personnes qui, telles des fourmis, s’activent dans l’ombre avec rigueur pour que d’autres fabriquent des souvenirs heureux grâce à l’art d’accueillir, d’éveiller les sens, d’émerveiller.

Un magnifique texte, « l’Aubergiste« , écrit par Henry David Thoreau (1817-1862) fait d’ailleurs honneur à la genèse d’un de ces métiers, que d’autres font aujourd’hui perdurer au travers de valeurs inchangées. Vous pouvez l’écouter en version audio en cliquant ici (durée d’écoute: 20 minutes).

When we think about art, we don’t first think about cooking, pastry, baking… I am today convinced that this professionals have every right to be considered as real artists.

Until I was 17, I grew up in my grandmother’s hotel-restaurant, then my mother’s. After several years of doing my own experiences I then came back to work there for almost ten years. A microcosm that I have long associated with a small village, with its own rules and its inhabitants who gave me an atypical childhood. It was my home, another family, a way of life. My father’s job, a baker and pastry chef, allowed me to broaden my vision of these very particular, creative, rigorous environments with a particular rhythm. Jobs where the five senses manage to find the right balance so that simple primary needs (eating, drinking, sleeping) are sublimated into real experiences.

This is why I wanted to transmit through this evolving photographic project the view that I had on these professions as a child. Repetitive, often meticulous gestures, the art of transforming raw materials into truly ephemeral works, concentration despite the surrounding agitation… But above all these people who, like ants, are active in the shadows with rigor so that others can create happy memories thanks to the art of welcoming, of awakening the senses, of amaze.

An amazing text, « The Innkeeper », written by Henry David Thoreau (1817-1862) also honors the genesis of one of these professions, which others continue today through unchanged values. You can listen to it in audio version by clicking here (listening time: 20 minutes, French version only).

En hommage à Evelyne Gautier.

Le chef Emmanuel Bassoleil est un des pionniers de la cuisine française au Brésil, son pays d’adoption. Après avoir fait ses armes en France dans les années 70-80, l’envie de voyager le gagne, et c’est au Brésil qu’il décide de poser ses valises à la fin des années 80, où il est aujourd’hui à la tête de son établissement (en plus d’autres casquettes !). 

Ce chef à la force tranquille, et dont la célébrité n’aura pas eu raison de son humilité, a su se constituer une équipe à l’image de sa cuisine: diversifiée, engagée, à la fois moderne et authentique. 

Cette première série de photos a été prise dans son restaurant gastronomique, le Skye, ainsi que dans certaines parties de l’hôtel de luxe qui l’abrite, l’hôtel Unique. Durant mes visites réparties en deux jours, environ 1500 clients étaient attendus entre l’hôtel, les services de restauration en continu, deux évènements privatifs et un évènement corporate.

Une fourmilière qui ne dort jamais.

Merci au Chef Bassoleil et à son équipe pour leur confiance et leur bienveillance.

In memory of Evelyne Gautier.

Chef Emmanuel Bassoleil is one of the pioneers of French cuisine in Brazil, his adopted country. After completing his apprenticeship and first professional experiences in France in the 70s and 80s,  the desire to travel won him over, and it was in Brazil that he decided to settle down at the end of the 80s, where he is today the owner of his establishment (in addition to other hats!).

This chef with quiet strength, and whose fame has not got the better of his humility, has been able to build a team that reflects his cuisine: diverse, committed, both modern and authentic.

This first set of photos was taken at his fine dining restaurant, The Skye, as well as parts of his luxury hotel, Hotel Unique. During my visits spread over two days, around 1,500 customers were expected between the hotel, continuous catering services, two private events and a corporate event.

An anthill that never sleeps.

Thank you to Chef Bassoleil and his team for their trust and kindness.